Dans Logique du sens, Deleuze expose une conception novatrice de l'esprit, défini comme machinerie du sens et du non-sens. Proche de la conception platonicienne de l'esprit défendue par Frege, il prétend conjurer l'idéalisme de celle-ci par un usage original de la psychanalyse, notamment lacanienne.
J'ai publié ce livre en auto-édition numérique en février 2016.
Ce texte est la version écrite, non retouchée, d'une communication réalisée le 30 avril 2014 dans le cadre du séminaire de recherche "l'âme et le corps, le corps et l'esprit" animé par André Charrak et Sandrine Roux (Université Paris 1, CHSPM). J'évoque un des aspects les plus novateurs de la conception de l'esprit chez l'être humain proposée par Deleuze dans Logique du sens - sa conception de la genèse corporelle de l'esprit chez le nourrisson - en relation avec le problème des relations psycho-physiques en sciences et en philosophie contemporaine de l'esprit.
Ce travail est une enquête sur le système conceptuel élaboré par Gilles Deleuze pour décrire la dimension incorporelle de l’expérience humaine... Cette enquête porte sur un corpus minimal de deux livres seulement, parus à trois ans d’intervalle : Logique du sens (1969) et L’Anti-Œdipe (1972). Tout ce que Deleuze a pu dire ou écrire par ailleurs en rapport avec le thème de « l’esprit » est volontairement ignoré. Il m'a semblé préférable d'analyser le détail du contenu conceptuel de ces deux livres plutôt que d'opérer une coupe transversale de la totalité de l'oeuvre deleuzienne - cela viendra peut-être, plus tard. Sur ce point, l'intention de cette présentation est de montrer l'intérêt d'une analyse de ce moment daté du parcours philosophique de Deleuze, entre 1969 et 1972.
Dans Logique du sens, Deleuze fait un usage original de la psychanalyse pour résoudre le problème de la genèse corporelle de l'esprit humain chez le nourrisson. Je propose dans cette note une brève confrontation entre l'approche deleuzienne et celle du philosophe marxiste Louis Althusser, qui avait abordé ce problème quelques années plus tôt en se référant lui aussi aux recherches psychanalytiques, notamment lacaniennes.
La littérature moderne est, avec la psychanalyse, une des principales inspirations de Deleuze dans les années 60. Celles-ci se croisent dans le travail du philosophe, tantôt explicitement, tantôt de manière plus diffuse. Dans Présentation de Sacher-Masoch en 1967, Deleuze propose de mettre en relation l'œuvre littéraire de l'écrivain hongrois et la conception psychanalytique du masochisme, suivant une méthode clinique, au cas par cas, en philosophie de l'esprit.
Dans Logique du sens, Deleuze propose de concevoir la vie psychique de manière géométrique ou topologique. Il distingue ainsi trois positions ou dimensions dans la vie psychique : les profondeurs, les hauteurs et les surfaces. Ce modèle a pour but de permettre une clinique différentielle des modes de vie psychiques. J'évoque dans ce texte la manière dont Deleuze utilise son modèle dans le cas de la pensée philosophique pour marquer la différence de nature entre les philosophes des profondeurs, ceux des hauteurs et ceux des surfaces.
Cet essai est une enquête nerveuse sur la théorie du délire exposée par Deleuze et Guattari dans L'Anti-OEdipe en 1972. Les problèmes et les concepts deleuzo-guattariens sont exposés de manière brute et accélérée. La question posée est simple : que veulent-ils dire lorsqu'ils soutiennent que le contenu des délires n'est pas familial mais historico-mondial? Que veulent-ils faire lorsqu'ils opposent le glorieux délire du Schizo aux misérables litanies du Moi oedipien ?
Il y a deux images de Gilles Deleuze : philosophe par excellence et penseur délirant. Ces deux images ne sont pas sans raison : chacune se nourrit de signes repérables dans l'œuvre deleuzienne. Car c'est l'œuvre elle-même qui se divise en deux moitiés impaires, entre rigueur philosophique exemplaire et propension délirante vertigineuse. Ainsi, Deleuze aurait réalisé l'impossible : faire délirer la philosophie.
Un « délire philosophique » est-il possible? Cette question polémique soulève le difficile problème du droit du non-sens en philosophie. Dans ce texte, je suggère le caractère stratégique de ce problème dans la philosophie du vingtième siècle, dans la mesure où celui-ci porte sur le sens et la valeur de l'activité philosophique à l'époque contemporaine. La controverse entre Carnap et Heidegger à la fin des années 1920 et l'affaire Sokal à la fin des années 1990 constituent deux moments de cristallisation aïgue de ce problème qui parcourt le siècle dernier. Le premier moment peut être caractérisé comme celui du risque du délire en philosophie, le second comme celui de la mimique du délire.